Les collections

Introduction

Les confiscations révolutionnaires sont à l’origine de la création de lieux devant servir de bibliothèques pour stocker les biens du clergé notamment, et donc leurs collections de livres, qui sont mis à la disposition de la Nation.

En 1803, les bibliothèques ainsi constituées sont mises à la disposition des municipalités. C’est donc à cette époque qu’est créée la bibliothèque municipale de Colmar, comme toutes ses semblables. Au XIXe siècle, les collections s’enrichissent essentiellement de dons du Gouvernement, mais aussi de legs et donations émanant de bibliophiles locaux, tels que Henry Wilhelm, Ignace Chauffour, Fanny Méquillet, Aladar Szendeffy, Edmond Woelflin, …

Les collections de la Bibliothèque des Dominicains constituent un témoignage exceptionnel sur l’histoire de la région. En effet, depuis la catastrophe du 24 août 1870 qui vit la destruction de la bibliothèque de Strasbourg, ces collections sont à bien des égards uniques en Alsace.

Formées de livres rassemblés par des Alsaciens à travers les âges, les collections colmariennes sont un legs direct du riche passé de cette région à part dans l’histoire européenne.

Collections anciennes

Fonds d’Etat issus des confiscations révolutionnaires et fonds de la Ville rentrés depuis le XIXe siècle, la Bibliothèque des Dominicains abrite en tout quelque 200 000 livres remarquables tant par leur beauté que par leur importance dans l’histoire de la civilisation écrite en Europe. Ils permettent de retracer toute l’histoire de l’écrit dans la vallée du Rhin, du haut Moyen Âge à l’époque contemporaine, et dans sa double dimension française et allemande :

  • 1 800 manuscrits, dont un quart remonte au Moyen Âge. Les plus anciens datent des VIIIe et IXe siècles : des manuscrits carolingiens provenant de l’abbaye bénédictine de Murbach qui fut un foyer culturel majeur dans l’empire de Charlemagne.
  • Des livres liturgiques somptueusement enluminés provenant des monastères de Haute-Alsace.
  • 2 300 incunables : le fonds le plus riche de France après celui de la Bibliothèque Nationale de France (livres imprimés en Occident avant 1500), principalement des collections issues des ateliers germaniques. Dont l’un des trois seuls exemplaires conservés en France du premier livre imprimé à Strasbourg, la Bible à 49 lignes, sortie des presses de Johann Mentelin en 1460, cinq ans seulement après celle de Gutenberg.
  • 10 000 impressions du XVIe siècle, âge d’or de l’humanisme rhénan : autant de témoins de l’âge d’or de l’imprimerie à Strasbourg et Bâle notamment.
  • Plus de 25 000 livres imprimés entre les XVIe et XVIIIe siècles. Dans cet ensemble, 8 000 volumes du XVIe siècle, là encore très majoritairement germaniques, constituent un ensemble exceptionnel en France.
  • Un fonds régional (alsatiques) riche de quelque 40 000 volumes et brochures.
  • 100 000 volumes anciens légués à la ville par de grands érudits du XIXe siècle.

Fonds graphique

Un fonds graphique diversifié

Les deux arbres - Hansi, 1909Aux livres manuscrits et imprimés s’ajoutent d’importants fonds graphiques, de toute nature :

  • Des gravures anciennes à partir du XVe siècle.
  • Des gravures contemporaines (estampes).
  • Des dessins de toute époque.
  • Des lithographies des XIXe et XXe siècles.
  • Des photographies documentaires ou à dimension esthétique, dont d’exceptionnelles séries d’« incunables » datant des années 1860 (de Braun, Bartholdi…).
  • Des affiches, des cartes et des plans, anciens et modernes, etc.

Ces spectaculaires collections graphiques sont régulièrement exploitées par les éditeurs régionaux à la recherche d’illustrations pour leurs productions. Elles sont continuellement enrichies par des achats et des dons d’artistes régionaux qui permettent à la bibliothèque d’articuler écrit et image, et de s’inscrire avec le musée Unterlinden dans le prolongement du grand maître colmarien Martin Schongauer.

Fonds alsatique

Le fonds alsatique : les documents qui parlent de la région

Histoire de la province d'Alsace par Louis LaguilleCe fonds, dont la constitution a commencé avec les débuts de la bibliothèque, comprend des acquisitions courantes, mais également des dons et legs. Ces derniers sont parfois très importants quantitativement. Des érudits locaux des XIXe et XXe siècles ont par exemple légué leurs bibliothèques entières.  Le legs le plus important provient du colmarien Ignace Chauffour et comprend en totalité 22 000 volumes dont 4 000 alsatiques !

L’ensemble de ces documents avoisine les 40 000 volumes et constitue le fonds alsatique de la Bibliothèque Municipale Classée de Colmar. C’est une partie importante des considérables collections patrimoniales de l’établissement, bien connu et fréquenté par les chercheurs à l’échelle régionale. Le fonds est toujours en cours d’accroissement et est destiné à la conservation. Il constitue une ressource régionale de référence, la seule collection publique qui la dépasse en ampleur étant celle de la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg. Il est focalisé principalement sur l’Alsace centrale. L’Alsace y est concernée comme sujet, lieu d’impression ou d’édition, lieu d’origine ou de résidence des auteurs.

Ce fonds est composé de documents rares et précieux traitant de l’histoire locale, mais aussi d’ouvrages grand public sur la région (romans, histoire, témoignages et beaux livres).

Fonds d’étude

La Bibliothèque des Dominicains ne s’endort pas sur ses collections patrimoniales, aussi fabuleuses soient-elles. Elle poursuit une politique d’enrichissement, de restauration et d’acquisition d’œuvres anciennes, mais également d’acquisition d’ouvrages modernes qui constituent le « fonds d’étude ».

Le fonds d’étude se compose d’ouvrages de référence du XXe siècle à aujourd’hui, qui intéressent prioritairement les étudiants et les chercheurs, par comparaison avec le fonds de la médiathèque par exemple, davantage destiné au grand public. Tous ces ouvrages sont néanmoins consultables par tout le monde et même, empruntables à domicile (ouvrages postérieurs à 1918). Ils portent la cote N pour « Nouveau fonds » par rapport au fonds patrimonial ancien.

Ils traitent de sujets variés : histoire, sciences humaines, arts… Certains sujets sont plus développés que d’autres parce qu’ils sont en lien avec Colmar ou avec les thématiques phares de la Bibliothèque des Dominicains. Par exemple : l’histoire du livre, de l’écriture et des médias, le Moyen Âge, l’Humanisme et la Renaissance, l’art roman et l’art gothique, les religions, les trois frontières et la vallée rhénane…

On y trouve beaucoup d’ouvrages documentaires, des biographies, des catalogues d’exposition, mais également de la fiction. Des ouvrages considérés comme des « classiques » (y compris en latin et en grec), ou des auteurs qu’on pressent être les « classiques de demain », sous forme d’œuvres complètes, d’anthologies, d’études, de critiques spécialisées ou universitaires.

Collections numismatiques

La Bibliothèque des Dominicains a fait appel en 2016, à l’expertise de Joël Françoise, conservateur-restaurateur d’objets anciens de métier, et spécialiste en numismatique. Sa mission : dresser un constat d’état des collections numismatiques de la bibliothèque. Son travail a permis de décompter plus de 21 000 objets !

Des collections hétérogènes

Ce chiffre de 21 000 objets est relativement important puisque les collections en région sont en général proches des 10 000.

Parmi les 21 000 objets colmariens : 15 500 monnaies, 1 860 médailles, 914 jetons, 482 insignes civils, militaires ou religieux. La collection regroupe aussi plus de 2 250 moulages de camées et quelques objets monéiformes (coins monétaires, balances de changeurs, matrices de sceau).

Cette collection est composée de deux grands ensembles. Le premier comprend la collection des médailles et insignes qui date principalement des XIXe et XXe siècles. Elle représente environ 15% du médailler général.

Le deuxième ensemble regroupe les monnaies, médailles et jetons antérieurs à la révolution française. Il représente les trois-quarts de la collection.

En termes de matériaux, il ne reste que peu d’objets en or, quelques-uns en argent, mais la masse se compose essentiellement de matériaux moins prestigieux : cuivre, plomb, plâtre…

Des objets d’intérêt essentiellement local

Sur le plan scientifique, ces collections présentent un intérêt essentiellement local.

Quelques monnaies archaïques, romaines ou carolingiennes, méritent tout de même d’être citées, mais aussi une médaille de la fin du XVe siècle, œuvre du grand artiste florentin Niccolo Fiorentino. Elle représente une célèbre figure de la haute bourgeoisie de Florence : la belle Giovanna Albizzi Tornabuoni, qu’on retrouve dans plusieurs œuvres de Botticelli. Enfin, plusieurs monnaies issues des ateliers de Strasbourg et de Colmar intéresseront les historiens et numismates locaux.

En chiffres

380 000 documents de toute nature, sur tout support, de toute époque, entreposés dans des magasins comptant 10,5 kilomètres linéaires de rayonnage, parmi lesquelles les collections patrimoniales occupent la plus large part. Soit en nombre de documents :

Manuscrits1 800
Incunables2 300
Impressions du XVIe siècle 10 000
Livres des XVIIe et XVIIIe siècles 25 000
Livres du XIXe siècle 50 000
Alsatiques 40 000
Collections graphiques
dont :
120 000
     Estampes12 000
     Dessins2 000
     Affiches8 000
     Ex-libris 70 000
     Photographies 1 500
     Cartes et plans 1 500
Collections numismatiques 21 000

 

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